La mère, justement. Contrairement aux poncifs qui font de la femme arabe un être soumis, écrasé, la mère joue un rôle pivot dans l’équilibre de la famille et de la société en général. Tant est qu’elle devient un enjeu suprême en cas de conflit : l’insulter, insulter celle de l’Autre, c’est lui infliger une ultime humiliation : Ta mère ! ! yemmâk ! ! Allier la grossièreté sexuelle , voir l’inceste, c’est faire encore plus fort : nike ta mère ! ! ! Nike yemmâk ! ! ! Qui a donné le fameux NTM .
Précisons à toute fin utile que le verbe « niquer » est arabe et que s’il est indisponible dans les dictionnaires arabes, c’est que probablement il s’agit de la contraction du verbe nakaha (présent dans le Coran et qui signifie contracter mariage mais aussi par extension copuler dans le cadre du mariage).
Sur la tête de ma mère : vient directement de l’expression arabe u râs yemma !
Sur la vie de ma mère = u rûh yemma !
L’index raidi, levé vers le ciel (signe de la shahâda qui est la profession de foi musulmane) le jeune lance à la cantonade : « sur la tête de moi ! ». Traditionnellement, la grammaire n’admet pas l’emploi du pronom personnel « moi » après la préposition « de ».Nos éminents linguistes qui méconnaissent l’arabe se grattent la tête, perplexes : d’où ce monstre syntaxique peut-il provenir ? Mais de l’arabe, pardi ! L’arabe dialectal utilise le terme ntâ’ (de… propriété de…) suivi d’un pronom affixe : ntâ’I (à moi , de moi) . Ar-râs ntâ’I = la tête à moi .
A propos du terme râs qui signifie tête, l’arabe dialectal « populaire » s’est approprié
le terme français « race » au sens non pas raciste et sans référence au genre ethnique mais plus benoîtement au sens de catégorie , genre, spécimen…
Cela a donné malheureusement : « nike ta race » = nike ar-râssa ntâ’ak !
Dans le langage « djeun’s, cette expression un peu glaçante pour des adultes signifie pourtant simplement, au choix :
- des gens comme toi , je les casse ; ou je m’en fais dix par jour.
- des gens dans ton genre, vraiment, j’aime pas.
Très souvent, l’adverbe passe en fin de groupe syntaxique. C’est là encore une particularité de l’arabe même littéral . On entend :
il a niqué son examen carrément !
Notons au passage le verbe niquer en remplacement du verbe rater (décidément !)
Des expressions curieuses comme
« vas-y ».
Dites dans des cas où le jeune est pris en défaut, où il subit des remontrances. A priori, un adulte non averti pourrait comprendre : « vas-y, continues, tu as le pouvoir sur moi etc…. ». Rien à voir ! L’expression signifie : vas te faire foutre ! Et à notre sens elle vient là encore de l’arabe « populaire » : rûh takhra = vas chier (ailleurs) !
Frère :
Autant que la mère, le frère a une place prépondérante dans la culture familiale et par extension dans tout le système social. Les maghrébins, depuis des lustres ont remplacé le terme de sayyid (Monsieur), jugé trop obséquieux par le terme de KhÛ, suivi d’un pronom affixe. khûya signifie à la fois « mon frère » au sens familial du terme, mais aussi plus trivialement : mon ami, mon cher, mon compatriote, voir « monsieur »…
Les jeunes l’emploient (même entre filles !) pour signifier connivences, amitiés, complicités….
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