jeudi 3 décembre 2009

Le phatique

nous employons ce néologisme linguistique pour désigner tout mot ou expression qui permet d’amorcer une conversation ou de l’entretenir en cas de discours continu : Allo ? Pour rentrer en contact avec la personne qui appelle. Je veux dire….. C’est à dire que…. Les mots ou expressions phatiques d’origines arabes sont légion. Dans le langage des jeunes :
- walla : والله = par Dieu, par Allah = je te jure par Allah = je t’assure que….
- Billa :بالله = même sens.
Bien sûr, d’autres langues que l’arabe travaillent ce langage jeune ; nous vous en ferons part au fur et à mesure de nos investigations auprès des jeunes eux-mêmes.

Verbes substantivés :

- Chouffe = voir en arabe dialectal. Cela donne en parler djeunn’s :
-
faire la chouffe = faire le guet.
- Le seumm : le poison en arabe.
- J’ai le seumm
= j’ai la rage, la haine.
C’est aussi semble-t-il le nom d’une drogue spéciale. Cynique, le milieu…

De l’arabe francisé et « verlanisé » :
- Bled = بلاد . En arabe, pays ou région. Blédard chez les jeunes ne signifie pourtant pas comme chez les adultes plouc, paysan, mais plutôt raté, maladroit, cancre… Il est surtout utilisé dans sa version « verlanisée » : darblé.

Des intrus « zarbi » : Nous perdons malheureusement dans le mouvement le savoureux « zaama » (soit-disant) au bénéfice du bizarre crari lequel, c’est sûr, n’a rien d’arabe !
- Crari, il joue le ouf = zaama il joue le fou
= soit-disant il fait le con ; il se la joue (il se ment à lui-même).

Les jeunes d’origine africaine et musulmans ont bien sûr leur part d’apports dans ce langage en constante mutation, notamment avec des expressions d’origine religieuse qui ont transité par les accents dialectaux africains :
- Starfoulay (prononcer starfoulaï) = أستغفر الله je demande l’aide de Dieu.
- Layester = يستر الله que Dieu protège.

Le parler "beur" expressions courantes

Voici d es traductions directes de l’arabe, sans soucis du sens réel du terme employé en Français :
- « il ne m’a pas calculé » , pour dire, « il ne m’a pas pris en considération, il n’a pas fait attention à moi ». Cette expression vient de l’arabe :
ما دارنيش في الحساب ، ما حسبنيش
le verbe حسب ، يحسب = compter, calculer
Ce qui rejoint d’ailleurs l’expression purement française « tenir compte de… ». Sans passer par la traduction, de nombreux verbes arabes sont utilisés directement, mais pour éviter les difficultés morpho-syntaxiques, ils le sont à l’état « figé » c’est à dire sans égards ni pour les règles de conjugaison du Français , ni pour celles de l’Arabe :
- hagar =
حقر - يحقر . Etymologiquement, en arabe littéral ce verbe signifie : mépriser ; en arabe algérien il a pris pour sens : commettre une injustice - dans le sens d'abus de pouvoir, de force - , mais aussi faire violence à quelqu’un . Ainsi, on entend chez les jeunes : « tu t'es fait hagar « = tu t'es fais taper. Mais aussi : « tu t'es fais hagar ton portable « ! ! !
- Khaf : خاف - يخاف (kh = prononcer à l’espagnol , jota, juan). En arabe = avoir peur. On entend ; il a khaf = il a eu peur. Sans commentaire. Inversement, des verbes français sont arabisés, mais curieusement utilisés aussi à l’état figé : afficher, s’afficher, faire l’affiche = ficha. ( Ainsi utilisé, il correspond en arabe à l’accompli, 3 ème personne du masculin singulier = équivalent de l’infinitif français).
- Ho la la ! il s’est ficha devant les filles !
= il s’est planté , il s’est ridiculisé.

Au delà de ces distorsions syntaxiques, il y a évidemment beaucoup de substantifs arabes incrustrés avec une prononciation française qui les rend parfois méconnaissables :

- lahas : en arabe, léche-cul, flagorneur . En parler banlieue, il a changé de sens :
- c’est la has
= c’est la galère !
Appliqué à un individu :
- il est dans la has
= il est en taule…

- la halla :
en arabe littéral, la situation, l’état des choses . En arabe algérien , ambiance, quelque chose d’événementiel, qui ne passe pas inaperçu. On entend :
- faire la halla = faire la fête, mais aussi faire du grabuge !

Beaucoup de termes, FEMININS en arabe, deviennent curieusement MASCULIN en passant au Français :
- LE dawa : synonyme de hâla (la halla) en arabe algérien a pris le sens de pagaille, bordel :
- foutre le dawa
!
- LE terma
: le cul .
- Elle a UN gros terma.

(Sans doute parce que les termes cul et bordel sont au masculin en Français).

Mutation du Français au contact de l’Arabe maghrébin -4-

La mère, justement. Contrairement aux poncifs qui font de la femme arabe un être soumis, écrasé, la mère joue un rôle pivot dans l’équilibre de la famille et de la société en général. Tant est qu’elle devient un enjeu suprême en cas de conflit : l’insulter, insulter celle de l’Autre, c’est lui infliger une ultime humiliation : Ta mère ! ! yemmâk ! ! Allier la grossièreté sexuelle , voir l’inceste, c’est faire encore plus fort : nike ta mère ! ! ! Nike yemmâk ! ! ! Qui a donné le fameux NTM .

Précisons à toute fin utile que le verbe « niquer » est arabe et que s’il est indisponible dans les dictionnaires arabes, c’est que probablement il s’agit de la contraction du verbe nakaha (présent dans le Coran et qui signifie contracter mariage mais aussi par extension copuler dans le cadre du mariage).

Sur la tête de ma mère : vient directement de l’expression arabe u râs yemma !

Sur la vie de ma mère = u rûh yemma !

L’index raidi, levé vers le ciel (signe de la shahâda qui est la profession de foi musulmane) le jeune lance à la cantonade : « sur la tête de moi ! ». Traditionnellement, la grammaire n’admet pas l’emploi du pronom personnel « moi » après la préposition « de ».Nos éminents linguistes qui méconnaissent l’arabe se grattent la tête, perplexes : d’où ce monstre syntaxique peut-il provenir ? Mais de l’arabe, pardi ! L’arabe dialectal utilise le terme ntâ’ (de… propriété de…) suivi d’un pronom affixe : ntâ’I (à moi , de moi) . Ar-râs ntâ’I = la tête à moi .

A propos du terme râs qui signifie tête, l’arabe dialectal « populaire » s’est approprié

le terme français « race » au sens non pas raciste et sans référence au genre ethnique mais plus benoîtement au sens de catégorie , genre, spécimen…

Cela a donné malheureusement : « nike ta race » = nike ar-râssa ntâ’ak !

Dans le langage « djeun’s, cette expression un peu glaçante pour des adultes signifie pourtant simplement, au choix :

- des gens comme toi , je les casse ; ou je m’en fais dix par jour.

- des gens dans ton genre, vraiment, j’aime pas.

Très souvent, l’adverbe passe en fin de groupe syntaxique. C’est là encore une particularité de l’arabe même littéral . On entend :

il a niqué son examen carrément !

Notons au passage le verbe niquer en remplacement du verbe rater (décidément !)

Des expressions curieuses comme

« vas-y ».

Dites dans des cas où le jeune est pris en défaut, où il subit des remontrances. A priori, un adulte non averti pourrait comprendre : « vas-y, continues, tu as le pouvoir sur moi etc…. ». Rien à voir ! L’expression signifie : vas te faire foutre ! Et à notre sens elle vient là encore de l’arabe « populaire » : rûh takhra = vas chier (ailleurs) !

Frère :

Autant que la mère, le frère a une place prépondérante dans la culture familiale et par extension dans tout le système social. Les maghrébins, depuis des lustres ont remplacé le terme de sayyid (Monsieur), jugé trop obséquieux par le terme de KhÛ, suivi d’un pronom affixe. khûya signifie à la fois « mon frère » au sens familial du terme, mais aussi plus trivialement : mon ami, mon cher, mon compatriote, voir « monsieur »…

Les jeunes l’emploient (même entre filles !) pour signifier connivences, amitiés, complicités….

Parler djeunn’s et arabe dialectal -3-

En revanche, l’émergence des « beurs » dans la société française , notamment depuis l’alternance politique de 1981 a permis l’éclosion d’un nouveau langage, parti des banlieues défavorisées pour rayonner jusque dans les quartiers chics de la capitale en influençant au passage même les médias et les milieux intellectuels !

Bon nombre de linguistes observent avec intérêt ce phénomène linguistique, certes pas nouveau (l’argot a toujours existé et le peuple « pauvre » a toujours pris ses libertés avec le langage et le parler « correct » imposé souvent par les classes dominantes). Cet intérêt, vient sans doute du fait qu’il ne s’agit pas là simplement d’un argot ( l’argot est toujours resté amarré à la langue-mère sur le plan syntaxique ; la fronde se manifestait surtout sur le plan lexical, avec l’invention constante et truculente de mots nouveaux en remplacement des termes usuels imposés par l’école et les milieux bien-pensants). Là, il s’agit bel et bien d’une petite révolution linguistique où la sacro-sainte syntaxe de la langue de Voltaire est sérieusement malmenée, en plus des innovations lexicales. Le plus étonnant, est que cela marche ! Et ça plaît…En tout les cas ça amuse… Sans que les plus éminents observateurs de ces phénomènes ne réalisent que derrière les curiosités langagières qu’ils constatent, il y a tout simplement … la langue arabe, dans sa forme dialectale « primaire », pour ne pas dire primitive !

Ces deux derniers termes méritent bien sûr, explication.

3.1 : De l’arabité supposée des jeunes issus de l’immigration et nés dans les « quartiers ».

Pour une grande majorité de Français, cela paraît évident : ces jeunes, nés de parents arabes parlent forcément l’Arabe et sont de culture arabe et musulmane.

La réalité, évidemment est beaucoup plus complexe. Ces jeunes, descendants le plus souvent de plusieurs générations de populations immigrées ne sont, dans leur grande majorité pas dialectophones et n’ont qu’une connaissance très modeste de la culture arabe (pour ne pas dire nulle) et de la religion musulmane. Très souvent, la seule occasion pour eux de « pratiquer » l’arabe , c’est dans leurs rapports avec la mère, quand celle-ci, si elle-même n’est pas née en France fait l’effort de leur parler dans sa propre langue maternelle, c’est à dire dans une langue dialectale très locale qui n’a pas évolué depuis la date à laquelle la famille et/ou les ascendants ont quitté le pays d’origine.

Dans ce cas de figure (le phénomène est bien connu des socio-linguistes), la mère parle dans son « patois » local, avec un mélange de Français déjà fortement arabisé sur tous les plans : syntaxe, prononciation, lexique ; l’enfant comprend mais répond exclusivement en Français. Conclusion, les jeunes n’ont qu’une connaissance passive de la langue et réduite aux rudiments nécessaires aux échanges quotidiens. Autrement dit, ces jeunes baignent dès leur plus tendre enfance dans un bain linguistique « Francarabe » où ni la langue française ni l’Arabe ne trouvent vraiment leur compte. C’est dans ce « no man’s Land » linguistique que va s’opérer l’étrange alchimie (encore un mot arabe !) qui donnera lieu à ces fameux parlers de banlieues qui donnent la migraine aux linguistes et font les délices des intellectuels, journalistes et écrivains.

Colonisation et échanges linguistiques -2-

Rappelons –le, il n’est nullement question de faire ici le procès de la colonisation, ni de nier ses apports culturels (souvent imposés par la force, d’ailleurs) mais de voir comment une culture dominante, se laisse « infiltrer », modeler en un mot influencer par la culture qu’elle prétend émanciper, « civiliser » disait-on à l’époque.

L’exemple de l'Algérie –colonie de peuplement- et donc cas pratiquement unique dans le genre est particulièrement éloquent à ce sujet.

Dans le cas de ce pays, il y a plusieurs paramètres socio-historiques à rappeler pour permettre de comprendre les phénomènes linguistiques originaux que l’histoire coloniale –tourmentée- a engendrés.

2.1 : En dépit de la propagande coloniale de l’époque (et qui a longtemps survécu), la France n’a pas conquis un pays « vierge », sans état, sans structures, avec justes quelques peuplades vivant dans un néant culturel absolu ! Certes, l’Etat vaincu était déjà une régence sous domination Ottomane , la langue arabe y était déjà exclue de tous les domaines de l’administration du fait de la présence turque, mais elle était omniprésente , sous sa forme dialectale dans tous les aspects de la vie quotidienne.

2.2 : Les décrets « Crémieux » ont permis aux tribus juives algériennes autochtones, installées là depuis des siècles d’accéder à la nationalité française. Or, ces tribus, portant souvent des noms arabes étaient parfaitement arabisées et comptaient dans leurs rangs nombres de gens lettrés, sinon érudits aussi bien en Hébreu qu’en Arabe.

2.3 : Les vagues successives de colons –de diverses origines- que la France faisait installer en Algérie, n’atterrissaient pas en terrain linguistique vierge ; bien au contraire, les nouveaux colons devaient très vite faire face à la réalité linguistique du pays pétri de langue et de culture arabes, malgré le côté « apartheid » qu’avait cette colonisation, et le désir des minorités européennes de s’isoler de ceux que l’on appelait les indigènes.

De tout ceci il en découle que les colons, baignant dans un environnement fortement arabisé, eux-mêmes issus d’origines diverses (Italiens, portugais, Espagnols…) ont peu à peu donné naissance à une langue originale, entre la langue de Molière et l’arabe dialectal dans sa version de l’époque, c’est à dire probablement assez proche du classique. C’est ce que nous appelleront par commodité, et faute de mieux « le parler pied-noir ».

Outre les curiosités syntaxiques de ce parler que les rapatriés ont rendu célèbre en France, citons quelques termes qu’ils ont ramenés dans leurs bagages et popularisés en France :

Kaoua

قهوة

Toubib

طبيب

chouia

شوي

bézèf

بالزاف

bled

بلد

Certains socio-linguistes vont jusqu’à dire, que si l’histoire avait évolué autrement et si l’aventure coloniale avait connu un dénouement pacifique et plus constructif, il se serait crée une véritable langue originale à mi-chemin entre le Français et l’Arabe, un peu à la manière du français québécois, toute propension gardée !

Cependant, si ce « parler pied –noir » a laissé des traces indélébiles dans le Français tel qu’il est parlé aujourd’hui encore en Algérie , il a peu influencé syntaxiquement le Français de France, malgré la forte folklorisation d’une certaine culture que les pieds-noirs d’Algérie ont réussi à imposer dans l’hexagone.

Echanges naturels entre langues -1-

Il est de bon ton de rappeler que les langues ne connaissent pas de frontières, que le langage émigre allègrement d’une culture à l’autre et que les langues s’enrichissent mutuellement par delà les différences des rameaux linguistiques, les appartenances religieuses ou ethniques…. Chaque langue absorbe, selon ses propres règles les apports langagiers dont elle a besoin à un moment donné , intelligemment et sans états d’âme dirons-nous.

La langue française, avec la fantastique épopée coloniale a profondément influencé l’arabe moderne, notamment dans les anciennes colonies ou protectorats arabes de la France. Et donc aussi les esprits. Précisons tout de suite qu’il ne s’agit pas ici de faire l’apologie du colonialisme ni son procès ; mais de reconnaître un fait objectif, l’influence flagrante de la langue et de la culture françaises notamment dans les pays arabes anciennement sous domination coloniale, donc essentiellement les pays du Maghreb.

Mais ce que beaucoup de Français ignorent, c’est que dans l’autre sens, la langue arabe a toujours « travaillé » la langue française de l’intérieur et en profondeur, et ce, depuis le Haut Moyen-Age ! De plus en plus, avec l’ouverture d’esprit qui se fait progressivement et effectivement en France vis-à-vis de la culture arabe (sans doute à cause des nombreuses alternances gauche-droite, de l’émergence d’une nouvelle génération de français – les beurs- et du poids de l’immigration maghrébine entre autres), on se plaît à rappeler quelques évidences : beaucoup de mots, en Français sont d’origine arabe ; et de citer, en vrac ceux des vocables qui ont eu la chance d’émerger de la masse tant leurs consonances arabes sont flagrantes :

Abricot

البرقوق

Cumin

الكمّون

chimie

الكمياء

algèbre

الجبر

alcool

الكحول

coton

القطن

almanach

المناخ

café

القهوة

chiffre

الصفر

magasin

المخزن

mosquée

المسجد

épinard

السبناخ

… C’est devenu là des lieux communs ! Beaucoup plus d’autres termes très utilisés –notamment dans le domaine littéraire- sont aussi d’origine arabe sans qu’on n’en ait le moindre soupçon :

algarade

الغارة

Génie

جنّي

élixir

الإكسير

arcane

ركن ج أركان

Langue arabe et modernité : le défi

Ce texte, produit d’un collectif d’enseignants, est extrait et mis à jour depuis une contribution de Mahfoud Boudaakkar à la revue midad numéro 19, parue en novembre 2002. Vous trouverez dans ce lien l’intégralité du document original, publié

Les auteurs s’interrogent sur les mutations de la langue arabe face aux défis de la modernité et notamment dans la recherche de néologismes aptes à transcrire le monde contemporain, dominé par les langues occidentales.

Dans le tourbillon de la modernité où la production de néologismes doit coller au plus près aux inventions technologiques et à l’évolution des sciences, l’Arabe, n’en déplaise à certains, fait preuve d’une étonnante vitalité.

On entend encore dire que l’enseignement des sciences ne peut se faire en Arabe. Mais la réalité n’est pas linguistique, elle est scientifique : les investissements scientifiques lourds ne sont pas à l’ordre du jour dans le monde arabe. En revanche, le « software » s’y porte plutôt bien et il n’y a rien d’étonnant à ce que l’on puisse dire en Arabe, « cliquer, zapper, surfer, chatter… ». Le monde arabe est contraint à un véritable ijtihâd linguistique.

L’absence d’une Académie arabe unifiée, fait que la langue évolue en ordre dispersé. Schématiquement on peut distinguer dans ce processus qui s’appuie sur les médias, un courant oriental qui s’inspire essentiellement de l’anglais, et un courant maghrébin qui s’inspire surtout du Français. Ces deux courants sont partagés entre différentes « écoles ».

Usages de la langue en France

En France, justement, le langage a suivi les évolutions du monde contemporain de façon –à notre sens assez intelligente- en s’adaptant à chaque étape politico-sociale de l’évolution du pays. Ainsi de nos jours, il n’est plus tout à fait de bon ton d’avoir une phraséologie trop littéraire, de faire des constructions de phrases un peu trop alambiquées, de faire usage d’un vocabulaire « trop riche » ! Cela fait « trop », ça vous classe quelque part dans une catégorie dont seul votre interlocuteur connaît la valeur « psychosociale »…bref ça passe mal. Le qualificatif intello habituellement utilisé pour désigner les « beaux- parleurs » a un sens péjoratif. Il est devenu familier même dans les cours de récréation , synonyme de « frimeur » ! Cela, certains médias l’ont compris, qui adoptent volontiers « un style cool » en essayant de faire des interviews dans un langage qui s’apparente à du « populaire » parler des publicitaires, spécialistes par définition de la « manipulation du langage » et de l’impact des mots sur l’inconscient des consommateurs que nous sommes tous. Les politiciens aussi ont saisi le phénomène, grâce sans doute à leurs conseillers. Ils font visiblement tous un effort pour trouver le langage qu’il faut, selon la catégorie d’électeurs auxquelles ils s’adressent sur le moment.
Les « gens du peuple » ont toujours eu une attitude ambiguë vis-à-vis du langage : d’un côté une certaine fronde, une certaine façon de se rebeller contre la langue dominante, d’où l’ argot et les « parlers communautaires ». De l’autre côté, une sorte de respect, de soumission même, un peu fataliste face à ceux qui savent utiliser « le beau langage ».

La langue : moyen universel d'exercice du pouvoir

PARTIE 01

De tout temps et en tous lieux, les classes dominantes ont imposé leur langage comme référence pour l’ensemble de la nation en en faisant un enjeu de pouvoir. En Inde, en Chine, et dans l’empire musulman naissant, les dynasties régnantes ont scellé la langue « officielle ». Mais ceci vaut également pour la France. Claude Duneton, dans divers essais a démonté ce mécanisme pour le Français, où la langue officielle, parlée par la cour du roi et en vigueur dans toute la vallée des châteaux de la Loire, fut imposée par la force aux français dialectophones (voir - Je suis comme une truie qui doute, Paris : éd. du Seuil, 1976 et Parler croquant, Paris : éd. Stock, 1973). Si l’on ne parle pas correctement dans la langue des puissants qui gouvernent le pays, c’est que l’on appartient à la catégorie des roturiers, des moins-que-rien, bref, on n’est qu’un homme (une femme) du peuple… et par conséquent on ne peut que subir le pouvoir, mais jamais l’exercer….

Le pluriel est signalé par la lettre ج qui désigne le pluriel جمع

Café à Cuisinier

C
Café (boisson)
قَهْوَة
Café (lieu)
مَقْهى
Caire (le)
القاهِرَة
Calcul
حِساب
Canapé
أَريكَة
Cancer ( signe du zodiaque)
السَرَطان
Capitale
عاصِمَة
Capricorne (signe du zodiaque)
الجَدْي
Cardamome
هال
Cartable
مِحْفِظَة
Carte
بِطاقَة
Carte (postale)
بِطاقَة بَريدِيَّة
Carthage
قَرْطاج
Casbah
القَصَبَة
Ce, c'est
هذا
Ceinture
حِزام
Célèbre
شَهير
Centre
مَرْكَز
Cette fois
هذه المَرَّة
Cette, c’est
هذه
Chaise
كُرسيّ
Chaleur
حَرّ
Chaleureux
حَميم
Chance
حَظ
Chanson
أُغْنِيَة
Chargé
مُحَمَّل
Charrette
عَرَبة
Cher (affectif)
عَزيز
Cher(coût)
غالي
Chercher
بَحَثَ - يَبْحَثُ
Cheveux
شَعْر
Chien
كَلْب
Chose (quelque)
شَيْء
Cinéma
سينما
Circoncision
خِتان
Circonstance
ظَرْف
Circuler, (avancer)
سار – يَسيرُ
Citron
لَيْمون
Civile
مَدَنِيَّة
Classe (scolaire)
قِسْم
Client
زَبون ج زَبائِن
Climatiseur
مُكَيِّف الهَواء
Comédien
مُمَثِّل
commandant
قائِد
Comme tu (le) vois
كما تَرى
Commencer
بَدَأَ – يَبْدَأُ
Comment
كَيْف
Comment ça va ?
كَيْفَ الحال؟
Comment t’appelles-tu ?
ما اسْمُك؟
Commercial
تِجاري
Commissariat
مَرْكَز الشُرْطَة
Comparer
قارَنَ - يُقارِنُ
Comprendre
فَهِمَ - يَفْهَمُ
condition
ظَرْف – شَرْط
Conducteur
سائِق
Confrontation
مُواجَهَة
Connaître
عَرِفَ – يَعْرِفُ
Conseiller
نَصَحَ – يَنْصَحُ
Construction (bâtiment)
بِناء
Content (être)
فَرْحان
Contradictoire
مُتضارِب
Convenu
مُناسِب
Convoitise
حَسَد
Correspondant
مُرْاسِل
Costume
زَي
Coupe de cheveux
حِلاقَة
Courage
شَجاعِة
Courir
جَرى – يَجْري
Coureur
عَدّاء
Cours, (leçon)
دَرْس ج دُروس
Court
قَصير
Couture
خِياطَة
Couturier, (tailleur)
خَيّاط
Cuisine (lieu)
مَطْبَخ
Cuisine ( activité)
طَبْخ
Cuisinier
طَبّاخ

Le pluriel est signalé par la lettre ج qui désigne le pluriel جمع

Baccalauréat à Brun

B
Baccalauréat
باكالوريا
Bain
حَمّام
Balance (signe du zodiaque)
ميزان
Balcon
شُرفَة ج شُرُفات
Banque
مَصْرَفْ - بَنْك
Banquet, réception
وَليمة
Bâtiment
بِناء
Beau
جَميل
Beaucoup
كَثيراٍ
Bélier
(signe du zodiaque)
الحِمْل
Besoin
حاجَة
Bibliothèque
مَكْتَبَة
Bien
جَيِّد
Bien sûr
بالطَبْع
Bien, (bon)
طَيِّب
Bien.(le)
الخَيْر
Bien, (ça va bien).
لا بأس
Bienvenu
مُبارَك
Bienvenue, (salut).
أهلاً
Blanc
أَبْيَض
Blessure
جُرْح - جِراح
Bleu
أَزْرَق
Blond
أشْقَر
Boire
شَرَبَ - يَشْرِبُ
Boisson
شَراب
Boîte postale
صُندوق البَريد
Bon marché,
رخيص
Bonjour
صَباح الخَيْر - النور
Bonsoir.
مَساء الخَيْر - النور
bord (a)
على مَتْنِ
Boulanger
خَبّاز
Boutique
دُكّان
Brun
أسْمَر

Lexique Arabe Français - lettre A

Pour bien visulaiser les mots en arabe, et différencier les diacritiques du mot lui-même, vous pouvez agrandir les caractères selon votre navigateur en procédant comme suit :

sous Firefox, appuyer simultanément sur les touches CTRL et +. Pour revenir à l'affichage standard CTRL et 0. Pour Internet Explorer et selon la version, aller dans affichage et choisissez votre taux d'agrandissement, sous IE7 aller dans le menu "page".

Le pluriel est signalé par la lettre ج qui désigne le pluriel جمع

Absent à Avril

Ce lexique est la propriété exclusive de DILAP. Tout usage sans l'autorisation de l'éditeur interdit.

POur la version anglaise de ce dictionnaire agrémenté de son, des pluriels et verbes irréguliers, référez-vous au dictionnaire bilingue anglais arabe en suivant les liens suivants

A
Absent
غائِب
Accompagner
رافَقَ يُرافِقُ
accorder(s')
اَتّفَقَ
Accueil
اِسْتِقْبال
Acteur

مُمَثِّل

Administratif
إِداري
Aéroport

مَطار

Affamé

جائِع

Affronter

جابَهَ - يُجابِهُ

Afin de

مِنْ أَجْلِ

Agréable

مُمْتَعْ - طَيِّبْ

Agriculture

زِراعَة

Agronomie

زِراعَة

Ai (j’)

عِنْدي

Aider
ساعَدَ - يُساعِدُ
Ail

ثوم

Aimer

أحَبّ - يُحِبُّ

Air

هَواء

Alexandrie

إسكندرية

Algérie

الجَزائِر

Algérie, Alger

الجَزائِر

Aller

ذَهَبَ - يَذْهَبُ

Américain
أَمِريكي
Ami

صَديق ج أَصْدِقاء

Amitié

صَداقَة

Ancien
قَديم
Année
سَنَة - عام
(Août - Calendrier romain et
transcription arabe courante ) Calendrier lunaire musulman
أغُسْطُسْ – أوت

شَعْبانْ

Appareil

جِهاز ج أجْهِزَة

appelle (je m’)…

أنا اِسمي

Apprendre
تَعَلَّمَ - يَتَعَلَّمُ
approcher(s')

اِقْتَرَبَ - يَقْتَرِبُ

Après

بَعْدَ

Après-midi

بَعْدَ الظُهْر

Arabe, arabe

عَرَبِيَّة – عَرَبيّ

Architecte
مُهَنْدِسْ مِعْماري
Armée

جَيْش ج جُيوش

Armoire
خِزانَة ج خَزائِن
arrêter(s')

تَوَقَّفَ - يَتَوَقَّفُ

Arrivée

وُصول

Arriver

وَصَلَ - يَصِلُ

Art

فَنّ ج فُنون

Artificiel

اِصْطِناعي

Artiste

فَنّان

Artiste peintre, dessinateur

رسّام

asseoir(s')

جَلَسَ - يَجْلِسُ

Assieds-toi.

اِجْلِس

Assoiffé
عَطْشان
Atlas ( Nom d'une chaîne de montagnes du Maghreb, ici le nom d'un cinéma)

الأطْلَس

Attendre

اِنْتَظَرَ - يَنْتَظِرُ

Atterrissage
هُبوط - نُزول
Attirer(le regard)
لَفَتَ - يَلْفِتُ
Au moins

على الأِقَل

Au revoir

إِلى اللِقاء

Aube

فَجْر

Aujourd’hui

اليَوْم

Aussi

أَيْضاٍ

Authentique

أصيل

autre

آخَر

avancer(s'),

تَقَدّم - يَتَقَدَّمُ

Avec
مَعَ
Aviateur
طَيَار
Avril Calendrier romain et transcription arabe courante Calendrier lunaire musulman
أبْريل – أفْريل

رَبيعْ الثاني

Phonétique arabe : introduction

INTRODUCTION

Le système phonétique de l’Arabe est marqué par ce caractère de « langue plurielle » ou phénomène de pluriglossie qui ne lui ai pas propre. Les développements qui suivent ne peuvent en faire abstraction. Par souci de concision et de clarté, le choix a été fait d’exposer les grands traits du système phonétique de l’arabe standard en parallèle avec ceux des principales familles de dialectes.

Les phonèmes :
Traditionnellement, on dit que l’Arabe se caractérise par un consonantisme riche et un vocalisme pauvre.

Les consonnes :
L’ensemble des consonnes est présenté dans le tableau EN PARTIE 01. Pour bien entendre et prononcer ces consonnes, il faut écouter attentivement et imiter l’articulation d’un arabophone. Par ailleurs nous vous signalons que les ouvrages proposés par DILAP sont tous accompagnés de Cd audio enregistrés avec des voix de « natifs » issus de divers pays arabes. Les précisions ci-dessous ont pour but d’indiquer :

- les sons correspondants lorsqu’ils existent en Français ou dans une langue européenne
- les variantes régionales de réalisation des consonnes en Arabe standard, notamment lorsque l’accent régional prend le pas sur celui de l’Arabe standard.
- Les réalisations des mêmes consonnes dans quelques grandes familles de dialectes. Bien entendu , dans le cadre de cette modeste contribution, nous ne pouvions traiter tous les cas de figure. Il s’agit d’indications générales qui permettent de signaler les nombreuses variantes régionales, voire locales.

A chaque consonne correspond un son, à chaque son correspond une consonne, d’ou l’importance du rapport graphie-phonie.

Enseigner et apprendre l’Arabe moderne en Europe

La notion d’arabe langue étrangère signifie qu’il s’agit de recourir à des procédés pédagogiques différents de ceux qui permettent d’enseigner la langue en tant que « langue nationale », à un public dialectophone , comme cela est le cas dans les systèmes scolaires des pays arabes. Reprendre les mêmes procédés dans le contexte français (européen) aboutit généralement à la production de méthodes d’apprentissage peu ou pas du tout adaptées aux publics non arabophones.

En Europe, et en France plus particulièrement, les recherches en didactique des langues ont permis à l’enseignement de l’arabe de s’adapter et de bénéficier des procédés et techniques d’enseignement les plus avancées.

Même s’il n’est pas aisé, en termes linguistiques de définir ce qu’est aujourd’hui l’Arabe moderne, il existe des usages de l’arabe qu’il est nécessaire de prendre en compte dans une démarche pédagogique : l’écrit n’est plus réservé au livre ; il s’est depuis bien longtemps installé de plein pied dans l’environnement quotidien, du fait bien sûr des usages administratifs, mais aussi par l’intermédiaire des médias modernes (journaux, internet, publicités, panneaux, enseignes et autres supports d’information). Quant à la langue orale, elle n’est plus confinée au seul monologue (discours officiels, bulletins d’informations, exposé ou cours magistral…).

L’arabe littéral s’impose de plus en plus comme langue de communication et de travail (réunions, débats, interventions dans les médias audio-visuels, grâce notamment aux chaînes satellitaires). C’est ainsi que la maîtrise de l’oral représente aujourd’hui un volet majeur de la compétence communicative (même si celle-ci demeure incomplète sans une connaissance suffisante du registre dialectal).

Enseigner l’arabe en tant que langue vivante étrangère conduit donc à accorder à l’oral la place qui doit lui revenir (prétendre apprendre l'Arabe sans pratique soutenue de l'oral est un non sens) en tenant compte des spécificités phonétiques propres à cette langue, ainsi que des objectifs pédagogiques et du statut réel de l’arabe contemporain. Il en est de même pour l’écrit où il s’agit d’assurer le passage à une autre graphie, de développer des réflexes nouveaux par rapport au changement de sens en lecture/écriture, d'apprendre dès le début à lire et écrire sans le recours systématique aux voyelles brèves, de moins en moins utilisées dans les productions modernes.